Sur les routes des Alpes, des dizaines de cyclistes passionnés et acharnés avalent chaque été les quelques centaines de kilomètres qui séparent Thonon-les-Bains de Nice. Bravant côtes et éléments, les coureurs amateurs défilent devant les paysages grandioses dans le sillage des professionnels du Tour de France. Beaucoup sont des retraités, et Guillaume Brac interroge leur rapport à l’effort et au temps du travail passé.

"Quand on monte les cols, quand on voit les beaux paysages, c'est une sensation d'apaisement, de sérénité." Jean-Marie, Gérard ou Francis sont retraités mais ne se sont pas mis pour autant dans un fauteuil pour "ronger la misère" : "Je ne voulais surtout pas être enfermé, je voulais partir à l'horizon." Ancien professeur ou chauffeur de poids-lourd, ils trouvent dans le cyclisme une rigueur ("tout gérer, tout préparer") et un plaisir ("voyage, découverte, solitude"). "J’aime rouler seul, je n’aime pas qu’on m’impose une fréquence de pédalage." A leur âge, c’est également un moyen de rester en forme : "Si tu fais du vélo t'as mal nul part !" Question entraînement, certains parcourent près de 1000 kilomètres par mois. Après des dénivelés vertigineux, le repos des braves sur les plages méditerranéennes signifie déjà "le retour à la vie de tous les jours, avec toutes ses contraintes", mais avec toujours à l’esprit de "faire du vélo jusqu’au plus tard possible".

(Romain Hecquet)