En Géorgie, un homme puissant et fortuné collectionne des arbres centenaires qu’il achète à des petites communautés rurales situées sur la côte. Afin de les transplanter dans son jardin privé, des moyens humains et techniques colossaux sont mis en œuvre pour les sortir de terre et les transporter. Taming the Garden suit le parcours de ces arbres monumentaux altérant à la fois le paysage rural et le quotidien de ses habitant.e.s.

Alors que des hommes pêchent sur les rives de la mer Noire, un arbre remarquable navigue sur les flots. Cette prouesse en apparence poétique est orchestrée par un homme riche, caractérisé aux dires des ouvriers par son petit chien et son nœud papillon rouge, qui nourrit les plus folles rumeurs sur son ambitieux projet : "J’ai lu dans le journal que c’est pour rallonger sa vie", annonce l’un d’eux. Si le nom de Ivanishvili est lâché aux détours des conversations (Bidzina Ivanishvili, ex-Premier ministre et 365^e fortune mondiale en 2019), ce commanditaire reste insaisissable tout au long du film ; mais la manne financière qu’il représente en inspire plus d'un, même des contes tels celui de la vieille et de l’arbre. La communauté se divise entre les défenseur.e.s d’un patrimoine inestimable et ce.lles.ux qui voient dans cet argent facile un moyen de dynamiser la région (création d’emplois, amélioration des infrastructures). Des travailleurs creusant la terre aux processions suivant le départ fantomatique des arbres dans la nuit sur d'immenses camions, Salomé Jashi documente une ode poétique sur la nature domptée par l'Homme.

(Robin Miranda das Neves)

Compétition internationale (mention spéciale Prix du jury des jeunes), Cinéma du Réel 2021.