Les pyramides égyptiennes ou les Champs-Elysées parisiens en Chine, la basilique Saint-Pierre de Rome en Côte d'Ivoire… Benoit Felici propose un voyage drolatique et poétique dans le monde du simulacre et de la copie mondialisée. En parcourant ces fragments de villes copiés-collés, il montre comment les habitants s’approprient ces lieux hors contexte. Il explore ainsi le monde des représentations collectives et de l’imaginaire stéréotypé, nous invitant à réfléchir sur notre propre expérience de l’altérité.

Comme un Marco Polo de notre époque, le réalisateur nous promène entre le réel et l’imaginaire de la mondialisation actuelle. En Afrique, en Chine ou en Inde, il rencontre des personnages cocasses témoins de la transformation incessante de leur cadre de vie en mirage de l’ailleurs. Dans le quartier de Tianducheng construit en 2007 au milieu des champs dans la périphérie de Hangzhou, une avenue paysagée baptisée Les Champs-Elysées, bordée d'immeubles haussmanniens parfaitement alignés, est axée sur une Tour Eiffel à l'échelle 1/3 (108 m). Un couple aisé avec enfants visite un appartement témoin avec vue sur le monument, une jeune mère de famille monte une école Montessori, les habitants se rassemblent pour la gymnastique du soir sous la tour brillant de mille feux. Au milieu de nulle part en Côte d'Ivoire, se dresse la réplique flambant neuve de la basilique Saint-Pierre. L'enthousiaste père polonais Stanislaw Skuza qui la dirige mène les préparatifs d'un jubilée tandis que la foule va camper plusieurs jours sur l'immense parvis. Il semble que la muséification factice de ces espaces urbains fonctionne comme un substitut au voyage, sans exclure la possibilité d’habiter et de faire usage. "Tutto il mondo è paese" conclue Benoit Felici.

(Annick Spay)