Joana Razafindrabe, Omar Drici-Tani et Noémi Badiceanu sont médecins en Auvergne. Jour après jour, ils sillonnent la campagne pour visiter leurs patients, souvent âgés. Arrivés respectivement de Madagascar, d’Algérie et de Roumanie, ils occupent des postes dont les médecins français ne veulent plus. Yohan Laffort les accompagne dans ce travail éprouvant et pourtant essentiel, dernier rempart contre la désertification des zones rurales françaises.

Chronophage, peu glorieuse et mal rémunérée, la carrière de médecin de campagne n’attire plus les jeunes diplômés des universités françaises. Remplacer les médecins prenant leur retraite dans les zones rurales isolées tient aujourd’hui du casse-tête pour les municipalités, qui choisissent bien souvent de faire appel à des étrangers, comme Joana, Omar ou Noémi. Eux seuls sont prêts à accepter des emplois où "il n’y a pas de concurrence" (Joana) mais qui impliquent de se dévouer corps et âme, jour et nuit, à ses patients. Et une fois en poste, comme le dit Noémi, "la vie n’est pas toujours rose" pour ces praticiens qui ont tout quitté pour exercer en France, qui peinent à se construire une clientèle au sein d’une population parfois méfiante et qui ne sont pas forcément bien perçus par le reste de la profession. S’ils ont envie de rester "pour ne pas laisser les gens en rade", Joana, Omar et Noémi s’interrogent quand même sérieusement sur l’accès aux soins dans les campagnes françaises.

(Damien Travade)