Après notamment 38 témoins (2012) et Chez nous (2017), Lucas Belvaux adapte le roman éponyme de Laurent Mauvignier, publié en 2009. Des Hommes raconte les conséquences traumatiques de la guerre d’Algérie sur les appelés qui en sont revenus. Gérard Depardieu, Jean-Pierre Darroussin et Catherine Frot incarnent une famille assaillie par les souvenirs, marquée au fer rouge par cette chape de plomb qui a recouvert les douleurs de la guerre.

Tout commence par un homme face au miroir. Comme hanté, Bernard se rend à l’anniversaire de sa sœur, Solange, et lui offre un cadeau disproportionné, provoquant la rage des convives. Leur cousin, Rabut, assiste à la scène sans intervenir. Les flashbacks affluent et les voix off se mêlent pour remonter l'histoire, celle avec un H et la familiale. La polyphonie met en évidence le caractère collectif du trauma. "Des hommes" est un leitmotiv dans la bouche des personnages, désignant ces jeunes gens devenus des hommes en étant spectateurs ou acteurs des horreurs de la guerre. C'est aussi un constat récurrent : "ce sont des hommes qui ont fait ça." Au Bernard tout en éclats et perdition du début du film, répond la découverte d’un massacre sanglant à la toute fin. Les cicatrices sont encore vives, les blessures ont été trop longtemps enfouies. Ne reste que la violence de ce silence.

(Martin Drouot)