Sisältöjulkaisija
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Résumé
Au bord de la mer Egée, à l’est de Thessalonique, Maria Kourkouta a documenté de 2013 à 2020 le quotidien d’un micro chantier naval. Filmé en pellicule 16 mm, et en noir et blanc, Intermède ressortit à un hommage sans paroles au travail ouvrier, aux constructeurs de bateaux grecs. Mais se donne à voir aussi comme une méditation poétique sur la relation entre terre et mer, pesanteur et flottaison, et sur la puissance de fascination – intacte depuis l’Antiquité – de ce moment de mise à l’eau d’une embarcation.
Un bateau de pêche, tout juste terminé ou caréné de frais, glisse sur le rail de mise à l’eau, poussé par une poignée d’hommes. Montée plusieurs fois, la scène produit un émerveillement renouvelé devant l’antique prouesse technique au principe de la navigation. En s’attachant aux gestes répétitifs des ouvriers, Intermède procède par synecdoque. Maria Kourkouta filme le détail – la main, le câble, la chaîne, la corde, le treuil – pour dire le tout : le travail de carénage d’une part, mais surtout ce mouvement de reptation de la terre vers la mer des bateaux quittant la cale. Par l'effet du recours systématique au gros plan, le métal rouillé se mue en une peau tavelée, le rivet en œil, et ces coques deviennent soudain des allégories de reptiles qui feraient le chemin à l’envers. Et la réalisatrice grecque nous invite à une expérience immersive, et hautement subjective, au cœur de cet entre deux mondes, de ce seuil entre deux régimes de gravité que constitue un chantier naval, si modeste soit-il.
(Céline Leclère)
Descriptif technique
- Production
- Maria Kourkouta
- Réalisation
- Maria Kourkouta
- Année
- 2022
- Durée
- 24'
- Double disque
- non
- Couleur / N&B
- noir et blanc
- Genre
- Documentaire
- Diffusion
-
- Prêt aux particuliers par l'intermédiaire des médiathèques : oui
- Projection publique : oui
- Diffusion en ligne : oui
Avis
Sélectionné par
Filmé dans un magnifique noir et blanc, en 16 mm, Intermède investit un modeste chantier naval en Grèce pour nous livrer, en une succession de plans fixes fascinants entrecoupés de quelques séquences plus dynamiques, une impressionnante chorégraphie de gestes et de mouvements, redéfinissant les lois de la pesanteur. La simple mise à l'eau d'un bateau transforme en une courte scène un géant sur terre en minuscule embarcation sur mer. La réalisatrice donne à voir le poids des matériaux, qui envahissent souvent le cadre, et fournissent la matière à une symphonie de sons admirable rythmant ce poème visuel et sonore. Il est tout autant question ici du travail des hommes que des matières (bois, chaines, cordes, poulies...), et de l'intemporalité de gestes et de métiers que l'on jurerait pourtant surgis du passé.
Thierry Barriaux, Bibliothèque Oscar Niemeyer, Le Havre