Comédienne et costumière, Isabelle Sadoyan débute à Lyon à la fin des années 1940 aux côtés de Roger Planchon, dont elle va suivre le parcours théâtral pendant plus de vingt ans jusqu'à la création du TNP à Villeurbanne. Durant ce long et passionnant entretien avec Dominique Darzacq, ponctué de nombreuses photographies, outre ses origines modestes, elle évoque l’aventure de la décentralisation et de ses pionniers, des origines aux années 1970.

Elle se dit fille des massacres et des souffrances accumulées. De mère bulgare et de père arménien, Isabelle Sadoyan vit une enfance marquée par l’exil, le malheur, la pauvreté et le racisme. Elle veut être danseuse, elle sera costumière, puis comédienne. Au fil des stages, elle se lie d’amitié avec un groupe de jeunes comédiens pour qui le théâtre sera tout. Humble et souriante, elle arbore aujourd'hui la rondeur de ses 70 ans, dont un demi-siècle de carrière au théâtre et au cinéma. Au théâtre de La Tempête où elle joue Trois Femmes de Catherine Anne, elle évoque Brecht et le Berliner, Marlene Dietrich, Jean Bouise, son époux, le cinéma de Losey et de Sautet, l’absolutisme de Chéreau ou la nervosité de Lassalle. Mais c'est évidemment les années Planchon et le théâtre de La Comédie qui occupent une grande partie de l'entretien, ses comparses Alain Mottet ou Claude Lochy, entre autres artistes avec lesquels seront montés Shakespeare, Kleist, Adamov ou Vinaver.

(Pierre Notte)