Daniel Vigne et Michel Debats donnent la parole à une catégorie sociale habituellement "invisible et silencieuse" : la jeunesse rurale. Maïté, Fanny, Jean-Baptiste ou Amélie témoignent des bonheurs mais aussi des difficultés de la vie à la campagne, où, au fil du temps, les perspectives professionnelles et culturelles n'ont fait que s'amenuiser. Si la campagne française tend actuellement à se repeupler, quel avenir offre-t-elle à sa jeunesse ?

A Lanouaille (Dordogne) ou Laguiole (Aveyron), comme à Labastide-Rouairoux (Tarn), le constat est identique : si les jeunes ruraux sont pour la plupart attachés à l'endroit où ils vivent, ils savent également qu'y rester sera très difficile. Parce que le moment des études supérieures impose presque systématiquement le départ pour une ville proche. Parce qu'à la campagne, l'éventail des métiers est restreint, limité à l'agriculture et à l'aide à la personne. Parce que les loisirs et l'offre culturelle y sont peu variés. Beaucoup n'ont donc qu'une hâte : partir pour ne pas être "bloqués". Mais d'autres tiennent bon, comme Maïté qui voudrait reprendre l'exploitation agricole de ses parents, ou Dominique, créateur d'une association de vente collective dans son village. Certains viennent même s'y installer, comme Amélie, qui a quitté la ville pour se lancer dans le maraîchage bio. Et lorsqu'on lui demande les raisons de ce choix, sa réponse est simple : "Je crois que j'aime la campagne."

(Damien Travade)