Bernard Natan (1886-1943), né Natan Tannenzaft en Roumanie, est à la tête de Pathé de 1929 à 1935. Une cabale antisémite lui coûtera son poste puis la vie. Les archives, les entretiens avec ses collaborateurs filmés dans les années 1970, et la parole aujourd’hui de ses petites-filles, de l’historien de cinéma Jacques Choukroun, de Serge Klarsfeld et de Francis Gendron lui-même retracent l’histoire de ce producteur brillant, victime de l’Histoire.

Chimiste puis projectionniste, Bernard Natan débute dans la production avec des films grivois, puis il crée son laboratoire, Rapid Films. Il part combattre pour la France et obtient la nationalité française en 1921. Rapid Films se développe avec les studios de la rue Francoeur, et Natan produit des films comme La Châtelaine du Liban de Marco Gastyne (1926). Le succès est tel qu’il fusionne avec Pathé, qui devient Pathé-Natan. Dès l’arrivée du parlant, Natan sonorise et modernise ses salles. Il produit le premier film français parlant, Les Trois Masques d’André Hugon (1929), et s’inspire des méthodes de marketing américaines en organisant un événement spécifique autour de chaque film. Mais alors que les actionnaires contestent sa pratique et que la presse lance une campagne diffamatoire antisémite, la crise économique atteint Pathé qui tombe en banqueroute. Natan est condamné pour escroquerie en 1939, et envoyé à Auschwitz où il périra.

(Martin Drouot)