"Dire qui je suis." Né de deux lignées que tout oppose, le photographe Stéphane Ragot décide de "remonter à rebours" son histoire familiale et d’interroger sa propre identité. Qui était Pierre Ragot, ce grand-père paternel qu’il n’a jamais connu ? Et qu’a-t-il fait pour être effacé du roman familial et représenter une honte aux yeux de la famille de sa mère, dont le réalisateur subira toute son enfance, et aujourd’hui encore, le poids ?

Stéphane Ragot se met en quête d’un secret, ce secret à cause duquel il ne porte pas le nom qu’il aurait dû porter mais un autre soi-disant plus "prolétaire" et "infamant". Rencontre après rencontre, les pistes se précisent et l’histoire s’éclaircit, mais les questions s’empilent : en quoi le fait d’être le descendant involontaire d’un grand-père paternel dont les seuls crimes sont d’être né de père inconnu et d’avoir été un simple garde-champêtre alcoolique justifie-t-il ce regard dédaigneux que le réalisateur aura toujours senti sur lui ? Au nom de quoi son glorieux grand-père maternel, le colonel Paul Dupouts, devrait-il être mis sur un piédestal, même si tout porte à croire qu’il fut un pétainiste convaincu, avant de rejoindre de Gaulle une semaine avant la Libération ? A travers ce questionnement identitaire autobiographique, c’est progressivement une interrogation générale et nationale qui se dessine : y aurait-il des identités plus respectables, plus acceptables que d’autres ?  

(Damien Travade)