Autour d'une entreprise, constituant autant le cœur que le hors-champ du film, s'entremêle l'exploitation de ressources humaines, végétales et animales. En reliant des enjeux souvent appréhendés indépendamment les uns des autres – la précarité des personnes demandeuses d'asile, les dégâts nés des monocultures et de l'élevage intensif – Ressources rappelle qu'ils constituent les maillons d'une même chaîne.  

Dans un montage à la sobriété implacable se donne à voir la mécanique mortifère d'une industrie agro-alimentaire obsédée par la productivité et la rentabilité. En prologue, un plan nocturne révèle une immense industrie : Olymel, leader canadien dans la production, la transformation et la commercialisation de viandes. Suit un plan fixe qui donne à voir un tout aussi immense champ, labouré et écrasé par le soleil. Des images de cette terre plane captées à diverses saisons et rendant compte des différentes étapes de la culture du maïs, viennent ponctuer le film. Puis, l'on découvre une édifiante séquence d'entretiens filmée dans un organisme communautaire avec des personnes demandeuses d'asile venues d’États d'Amérique du Sud. Ce passage, qui pourrait d'abord dérouter, révèle progressivement la pertinence du « s » de Ressources. En alternant entre la culture des végétaux ; les démarches jalonnant la régularisation difficile des situations des personnes immigrées (qui dépend de leur obtention d'un travail) ; les choix de vie et de travail qui leur sont imposées ; et des scènes tournées dans l'entreprise, le film articule diverses situations d'exploitation imposées par un même système : celui de la production intensive, élément clé du capitalisme industriel.  

(Caroline Châtelet)