Depuis une quinzaine d’années, l'archéologie a bouleversé la représentation du monde celte, longtemps vu à travers la figure du Gaulois hirsute mangeur de sangliers. Entre le V^e et le I^er siècle avant notre ère, cette grande civilisation agropastorale a conquis l’Europe occidentale grâce à la supériorité de sa métallurgie. De nombreux archéologues français, italiens et hongrois font ici un point sur ces nouvelles connaissances.

Partant de fouilles sur le tracé du futur TGV-Est, cette large enquête européenne montre comment les savoirs progressent dans un aller-retour permanent entre le terrain et le laboratoire. Une paléo-anthropologue française exhume une nécropole celte dans la plaine champenoise. Avec l’aide d’un protohistorien spécialiste des métaux, elle parvient à dater précisément bracelets et colliers. Grâce aux photographies aériennes, des exploitations agricoles sont délimitées. En Europe centrale, les Celtes ont aussi laissé de nombreux vestiges. À proximité de montagnes riches en fer et en cuivre, les Hongrois ont retrouvé des bijoux et des armes portant des ornements similaires. Au Nord des Apennins, une équipe italienne met au jour des tombes révélant des contacts entre Étrusques et Celtes, et même un certain degré de métissage des civilisations. Mais les Celtes n’ayant laissé aucune trace écrite, les secrets de leurs divinités et de leurs savants druides sont encore loin d’être élucidés.

(Eva Ségal)