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Résumé
Entre film d'archives et re-création d'une pièce documentaire, Uppercase Print (« lettres capitales ») embrasse autant qu'il excède le matériau théâtral initial. Co-écrit avec Gianina Carbunariu, le film aborde un fait divers tragique et en donne à voir le paysage, offrant une critique puissante de la Roumanie sous Nicolae Ceaușescu – perpétuellement célébré par la télévision d’État. En jouant des possibles du cinéma, Radu Jude amplifie et déplace la charge grinçante du spectacle.
Écrit et mis en scène en 2013 par la dramaturge roumaine Gianina Carbunariu, Uppercase Print se saisit de l'histoire de Mugur Călinescu. Cet adolescent fut en 1981 aux prises avec la Securitate – police politique roumaine – pour avoir signé des graffitis (tels que « nous voulons de quoi manger », « nous voulons la liberté ») dans son quartier. Le spectacle qui s'appuie entièrement sur le dossier de l'affaire et donne la parole à Mugur et ses proches signale par son écriture cyclique l'obligation de servilité auxquels tous sont soumis. Travaillant le cadrage, usant des gros plans pour filmer la mise en scène stylisée, Radu Jude y adjoint des extraits d'archives télévisuelles. La litanie de fêtes et de scènes souvent moralistes de la vie quotidienne offrent un contrepoint à la mécanique de surveillance. Le résultat est une œuvre passionnante par sa façon de faire résonner les séquences. Toutes constituent les deux faces d'une même médaille : celle d'un pouvoir coercitif et oppressif fondé sur une propagande d’État et un régime de surveillance implacables.
(Caroline Châtelet)
Descriptif technique
- Production
- microFILM
- Participation
- Société roumaine de télévision, Hi Film, nomada.solo, CNC, Europe Creative
- Réalisation
- Radu Jude
- Année
- 2021
- Durée
- 128'
- Double disque
- non
- Couleur / N&B
- couleur
- Genre
- Documentaire
- Diffusion
-
- Prêt aux particuliers par l'intermédiaire des médiathèques : oui
- Projection publique : oui
- Diffusion en ligne : oui
Avis
Sélectionné par
Roumanie, années 1980, sous la dictature de Nicolae Ceausescu. Dans une forme très théâtrale, car adaptée d’un spectacle qui a déjà retracé ce fait divers emblématique du régime paranoïaque d’alors, le film décortique l’histoire du lycéen Mugur Calinescu qui écrivit à la craie et en lettres capitales (uppercase print) sur les murs de sa ville des slogans pour la liberté et la démocratie. Dénoncé, arrêté, interrogé, l’adolescent déclencha malgré lui une vaste enquête menée par la Securitate. Les retranscriptions des interrogatoires ou des mises sur écoute sont jouées sans fioriture et face caméra par des comédiens incarnant les nombreux protagonistes touchés par l’affaire (camarades de classe, professeurs, parents, voisins). Ces séquences alternent avec d’innombrables extraits de la télévision roumaine de l’époque, déversant une propagande fournie avec force défilés militaires, inaugurations diverses par le couple Ceausescu et autres « divertissements ». Le montage répétitif des deux régimes d’images entraîne le spectateur dans une terrifiante machine à broyer.
Marc Guiga, Images de la culture, CNC