Pendant plus de deux ans, les réalisateurs ont suivi et soutenu la formation musicale Chakaraka. Gocho le chanteur, personnage central du film, et les autres musiciens vivent dans un camp de familles roms, bulgares pour la plupart, près de la gare de Bordeaux. Leur musique porte cette force vitale, qui fait se lever les danseurs, et la mélancolie des gens du voyage dont les campements précaires sont toujours menacés d'être rasés d'un jour à l'autre.

Les pères de famille reconstruisent des baraquements sur un nouvel emplacement, après que les autorités municipales ont détruit l'ancien squat. Le camp prend son autonomie et se rafistole de l’intérieur. Un salon de coiffure, un garage, une banque, un dentiste s’improvisent au milieu des poules, de la lessive, des tricycles et des motos. Le fond musical suscite des ondulations de bras qui ponctuent les travaux. Les conditions de vie s’améliorent. Gocho a pu se faire soigner les dents. Il offre un mouton pour un méchoui sur le terre-plein. Les fêtes ravivent la communauté et sa culture. Lorsqu’un petit festival invite l’orchestre à jouer, les femmes sont conviées aussi à venir danser. Mais cela ne suffit pas à lutter contre les préjugés à l’encontre des Roms. En dépit de son sourire généreux, Gocho est rompu aux humiliations policières. Sa carte de séjour le laisse sceptique. De fait, ses affaires seront bientôt enfouies sous les gravats.  

(Charlotte Ferchaud)