Dans l’atelier de Jean Dieuzaide (1921-2003), son fils Michel ouvre encore boîtes et tiroirs pour continuer l'archivage de l'oeuvre de son père, même si la plus grande partie de l'immense fonds photographique que l'artiste a laissé a rejoint aujourd'hui les Archives municipales de Toulouse. Outre son fils, la richesse de cette œuvre nous est révélée par son épouse Jacqueline qui l’a toujours assisté, et bien d'autres collaborateurs.

Au fil des témoignages et à l’écoute des textes de Dieuzaide, ces itinérances d'une œuvre dessinent à juste titre le parcours singulier d'un photographe humaniste discret mais dont l'oeuvre est foisonnante. Travaillant après-guerre pour la presse sous le nom de Yan (Prix Niépce 1955, Prix Nadar 1961), il renonce à Paris dans les années 1960 pour retrouver sa ville d'origine, Toulouse, et devient indépendant. À l'instar d'un Doisneau qu'il côtoie, il est lui aussi l'auteur d’images iconiques : La Petite Fille au lapin, 1954, La Gitane du Sacro Monte, 1951, ou encore Dalí dans l'eau, 1953. Mais dans un souci continu d’expérimentations, il arpente toutes les directions, paysages et habitants de l’Europe du sud, portraits d'inconnus ou d'artistes, vues aériennes, architecture, natures mortes ; de la réalité sociale à l'abstraction (son travail sur le brai, une sorte de goudron, lui inspire livre et exposition). Dans le sillage des Rencontres d'Arles, son engagement pour la reconnaissance de la photographie en tant qu'art l'amène à fonder la Galerie du Château d’eau en 1974 à Toulouse, premier lieu consacré à la photographie en France.

(Damien Truchot)