À l’occasion de son exposition Hors d’usage au musée d’art contemporain de Montréal en 2002, Atom Egoyan commente ses installations vidéo, mises en parallèle avec des extraits de ses films. Alain Fleischer ponctue les interviews de courts films d’artistes, amis d'Egoyan ou proches de ses sources d’inspiration : Valérie Mrejen, Alan Poon, Berdaguer et Péjus, et Michael Snow.

Atom Egoyan (né en 1960) a besoin "d’autres chemins" que ceux du cinéma, miné selon lui par les conventions. Sous différentes formes, il développe ses obsessions sur la mémoire et l’intrusion au cœur de la vie privée de l’autre. L’artiste est un enquêteur qui capte le mystère des êtres, dans le night-club du film Exotica (1994), par exemple, mais aussi bien dans cette installation où il présente deux images en miroir : le visage d’une femme qui se confie et ses mains caressant un magnétophone. Émue, elle se souvient de la dernière fois où sa mère a utilisé l’appareil et ne veut pas en nettoyer la poussière. Egoyan retrouve ici une inspiration proche de celle de Chamonix (2002) de Mrejen, suite de souvenirs intimes, et de La maison qui meure (2001) de Berdaguer et Péjus, où les demeures portent les traces du temps. Le formalisme – découvert grâce au zoom de 45 minutes de Wavelenght (1967) de Snow – est pour Egoyan une nouvelle façon d’aborder le récit et le rapport au spectateur.

(Martin Drouot)