Comment filmer le travail protéiforme de l'artiste conceptuel Bruce Nauman ? Comment réaliser le portrait d'un trouble-fête qui se cache derrière la pratique de son art et qui, retiré dans un ranch du Nouveau Mexique, refuse d'être filmé ? Le réalisateur emprunte le medium de l'artiste, la vidéo, convoquant les témoins de son oeuvre sur de nombreux écrans. Le mystère sera-t-il levé ?

Bruce Nauman (né en 1941) utilise son corps comme instrument d'exploration et de représentation de la réalité humaine, de ses désirs, de ses peurs et de ses frustrations. Dans Poke in the eyes..., il dresse un inventaire minimaliste de gestes quotidiens filmés au ralenti : bouger ses testicules, se mettre le doigt dans l'oeil, etc. Parfois il transfère l'expérience sur des dispositifs plus techniques comme dans Seven Figures où des silhouettes de néons clignotants enchaînent des positions d'accouplement. Néons, installations vidéo ou sonore, son oeuvre intègre régulièrement de nouveaux matériaux . Dans Anthro/Socio, il place le spectateur au milieu des projections sur trois murs d'un visage en gros plan, au crâne rasé, qui hurle des injonctions obsédantes : "Help me, hurt me..."

(Annick Spay)