Scénariste de Riz amer (1949), Carlo Lizzani rend ici hommage au réalisateur autant qu’à l’homme Giuseppe De Santis (1917-1997). Souvent considéré comme "l’âme hollywoodienne" du cinéma italien, le cinéaste a été durant sa vie un homme engagé et généreux. Les extraits de ses films, les interviews de sa famille et de ses collaborateurs ainsi qu’un entretien avec lui enregistré en 1990 complètent ce portrait.

Si De Santis est scénariste et assistant de Visconti sur Ossessione (1943), il marque le néoréalisme par son goût de la technique et du star-system. Il utilise avec bonheur la Dolly, fait des panoramiques à 360° ou chorégraphie des mouvements de caméra complexes, dès son premier film Chasse tragique (1947). Dans Riz amer, film manifeste qui le rend célèbre, il invente Sylvana Mangano, rôle secondaire qu’il érige en personnage principal durant le tournage. De Santis filme ses actrices avec une grande sensualité, mais donne la place d’honneur au peuple : ce sont des non-professionnels qui entourent le couple vedette Marcello Mastroianni et Marina Vlady dans Jours d’amour (1954). Pour lui, le cinéma doit aider à rendre le pays démocratique et moderne. Son engagement dans ses sujets, comme au Parti Communiste, le met au ban du cinéma italien : il ne parvient plus à financer ses scénarios et finit sa vie en transmettant son expérience à une jeunesse qu’il ne cessa jamais d’aimer.

(Martin Drouot)