En 1974, le tournage des Trois Jours du Condor s’achève alors qu’éclate le scandale du Watergate : le président Nixon se voit contraint de démissionner. Les archives historiques et les différentes interviews de Sydney Pollack (1934-2008) complètent la parole des collaborateurs du réalisateur, comme Robert Redford, et de journalistes, comme Carl Bernstein et Jeff Stein, montrant comment le film saisit cette ère du soupçon.

Joe Turner, le héros des Trois Jours du Condor, trouve à son retour de déjeuner tous ses collègues de la CIA assassinés. Le scénariste, David Rayfiel, détourne la banale histoire de drogue du roman adapté pour en faire un enjeu moderne autour du pétrole. Après les assassinats de Martin Luther King et de Bob Kennedy en 1968, les méthodes peu légales du fondateur du FBI et les soupçons de crimes d’Etat du président lui-même brisent avec violence le rêve américain : J. Edgar Hoover et Richard Nixon ont agi aux dépens de la loi et du peuple. Le film ouvre une brèche pour le genre thriller politique. En 1976, Robert Redford, toujours plus politisé, va produire Les Hommes du Président d'Alan J. Pakula où il incarne l’un des deux journalistes ayant révélé le scandale du Watergate. La presse, garante d’une transparence nouvelle, devient le 4^e pouvoir. Malgré sa mélancolie, le film de Pollack s’achève ainsi sur une note d’espoir, devant les bureaux du New York Times.

(Martin Drouot)