Une vingtaine de collégiens et lycéens issus des quartiers populaires du nord de Paris s’engagent dans un atelier de théâtre. Sous la conduite de professionnels exigeants, ils travaillent à partir des Suppliantes d’Eschyle le jeu dramatique, l’écriture et la chorégraphie. Le thème de l’émigration et de l’asile a pour la plupart d’entre eux de profondes résonnances. Au fil des semaines, les jeunes s’épanouissent et affirment leurs talents.

Des Égyptiennes fuyant la persécution implorent l’hospitalité des Grecs. Tel est l’argument de la tragédie. Le trio d’enseignants place la barre très haut. Pour s’approprier ce texte au premier abord inaccessible, les adolescents mobilisent leurs ressources personnelles, mettent à profit l’expérience de leurs proches, s’informent. A l’image du quartier, ils sont très divers par leurs origines. Du travail, des répétitions, naît une troupe. Le film accompagne cette mue à la fois individuelle et collective. Une jeune fille devient chorégraphe, un écrivain en herbe devient auteur. A l’évidence, certains qui ont enduré l’extrême cruauté ou l’ont côtoyée de trop près - un jeune exilé Africain, une lycéenne d’origine cambodgienne dont les parents sont rescapés du génocide - s’épanouissent dans l’interprétation de rôles de fiction. Le chemin qui les conduit tous à la représentation publique sur la scène du Théâtre de l’Odéon est celui d’une affirmation et d’une émancipation.

(Eva Segal)