En 1891, Paul Gauguin (1848-1903), artiste tourmenté et indépendant, hanté par la nostalgie d'un paradis perdu, quitte la France pour l'Océanie où il pense trouver la pureté première, tout comme à Pont-Aven quelques années plus tôt, où il avait appréhendé "le sauvage et le primitif". Retour sur cette quête de l'espace vierge et authentique.

Le peintre avait quitté en 1883 famille et emploi, gagnant la Bretagne rude et mythique pour se frotter à "la brutalité du monde". Mais insatisfait, déçu par la civilisation occidentale, il part s'installer à Tahiti, puis aux îles Marquises. Là, ébloui par la luxuriance des paysages, séduit par la beauté des Polynésiens, fasciné par leur mythologie, il compose, malgré les difficultés matérielles, la solitude et la maladie, une peinture aux couleurs somptueuses et hardies, chargée d'une spiritualité mystérieuse, évocation puissante d'un monde primitif, barbare qui le fascina toujours et qu'il avait enfin trouvé.

(Marie-Dominique Nivière)