Le 17 janvier 1945, 20 000 personnes évacuent le complexe concentrationnaire d'Auschwitz. Parmi les 800 malades abandonnés dans l'infirmerie du camp, le chimiste (et futur écrivain) Primo Levi et Charles Conreau, un instituteur vosgien. A Provenchères, son village natal, la réalisatrice a rencontré Charles en compagnie de Jean Samuel, un autre ami de détention de Primo Levi.

Dans Si c'est un homme, Primo Levi (1919-1987) relate sa rencontre avec Charles et Arthur, et la manière dont, pendant les dix "derniers jours" d'Auschwitz, ils prirent en charge la survie des onze hommes de leur chambrée. Charles témoigne de cet épisode, de la guerre et de la résistance vosgienne, de l'incompréhension de la population à l'égard de ces étranges détenus de Dachau en pyjamas rayés qui travaillaient à l'usine d'aviation allemande toute proche : "On ne se doutait pas qu'un jour, on aurait ce costume sur le dos." Jean, quant à lui, est l'un des rares survivants de la marche d'évacuation d'Auschwitz. Ses souvenirs diffèrent de ceux de Charles, mais ils ont en commun le poids de cette expérience, la difficulté à la transmettre, et l'amitié avec Primo auquel ce film rend un superbe hommage.

(Myriam Bloedé)