En suivant les travaux de construction des premières lignes du nouveau tramway à Marseille et à Nice jusqu'à leurs inaugurations en 2007, Françoise Arnold pose la question de l'espace public dans la cité et compare les deux expériences parallèles : enjeux et choix opérés. Visites de chantier, interviews d'architectes, urbanistes et artistes intervenants, commentaires d'élus ou d'habitants montrent les points communs et les contradictions.

L'espace public, lieu du "bien être ensemble" ou lieu "républicain", selon Eric Bazard (urbaniste, Marseille) ou Marc Dalibard (architecte, Nice), manifeste l'identité d'une ville. Nice a ses petites places, ses bâtiments soignés à la tonalité italienne. Marseille la populaire est mise en scène autour du Vieux Port. Le contexte urbain dans lequel s'inscrit le tramway est aussi différent. Euroméditerranée, l'opération colossale de réhabilitation du cœur de Marseille, contraint à repenser la forme même de la ville. A Nice, on agit dans les interstices. Mais entre rêves et réalité, il y a les chausse-trapes juridiques ou politiques et les priorités. A Marseille, le programme d'œuvres d'art sur le tracé se réduit à l'anecdote. A Nice, il est mené à terme, entre autres, avec les Stylites de Jaume Plensa, qui, du haut de leurs colonnes, invitent à une pause réflexive. Mais le tramway reste cher à supporter pour la communauté. Nantes lui a préféré un nouveau concept, le "busway".

(Laurence Wavrin)