Une bonne part de l'équipe ayant travaillé sur ce film ne figure au générique que par un prénom suivi d'une initiale : ce sont des détenus du centre pénitentiaire des Baumettes à Marseille. Les animateurs des ateliers audiovisuels sont là pour "cadrer" les intentions des prisonniers, pour les aider à mettre leurs propos en images et en sons. Ici, un récit-gigogne, candide, de Adel L..

Il y a, omniprésents, les bruits et les images du dedans : couloirs sombres et sonores, appels, murs ingrats de la prison. Il y a les mises en scène et en situation : ce visage penché sur un cahier, les joueurs d'échecs. Il y a les images oniriques du dehors, la mer évidemment et les oiseaux en vol libre. Mais "l'histoire éternelle qui parle de la vie", celle qu'Adel a voulu transmettre depuis sa cellule, "c'est comme un destin". Celui de ce père illettré qui, dans une histoire d'autrefois, observait son enfant, son "ange", traçant des signes incompréhensibles sur son cahier d'écolier. Ce pourrait être Adel aujourd'hui, celui qui, dans ce conte d'enfance, est choisi comme modèle pour représenter le mal dans un tableau, alors même qu'il avait, enfant, posé pour le même peintre, en personnifiant le bien par son visage d'ange.

(Doucha Belgrave)