Grande-Synthe, commune limitrophe de Dunkerque, abrite l’un des plus grands sites de sidérurgie d’Europe. Une petite ville tranquille où sommeille la violence. Le souvenir d’un fait divers : en 2002, un homme tire sur un jeune Maghrébin. Le discours de cet homme, celui de quelques habitants, l’observation des rues et des alentours de la ville sauront-ils éclairer la raison de ce geste ?

Tout roman policier cherche à révéler l’auteur du crime sur lequel il enquête. Mais ici, le coupable étant passé aux aveux, ce sont les origines du crime que l’on recherche. Chaque parole de l’assassin, tirée du dossier d’instruction, chaque témoignage entendu en voix off, chaque détail du décor industriel et urbain paraît suspect aux yeux du spectateur qui cherche des indices. Mais les images, superbement cadrées, restent silencieuses, et le discours des habitants s’épuise à remonter aux sources du mal. Thomas Jenkoe, qui a grandi dans les parages, dessine un enfer où les questions sont condamnées à errer sans réponse. Les façades fraîchement rénovées de l’espace public pourront-elles apaiser la violence des cheminées d’usine ? D’où vient la haine qui tourmente les esprits ? De quoi sommes-nous victimes ? La violence est-elle sociale ou passionnelle, individuelle ou collective ? Sans doute est-ce cela l’origine de nos supplices : une souffrance impuissante à désigner sa cause.  

(Sylvain Maestraggi)