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Résumé
L’incarcération met à l’épreuve le corps et l’esprit, rend les individus anonymes. En les privant de leur image, la prison les prive d’identité. Que se passe-t-il alors quand advient la liberté ? Au travers des témoignages de trois personnes ex-détenues, loin des effrayantes silhouettes masquées habituellement diffusées, Catherine Rechard nous rappelle que ceux que l’on catégorise trop souvent redeviennent des visages parmi d’autres.
Longtemps la criminologie s'est appuyée sur l’étude de la physionomie pour catégoriser les criminels. C'est ainsi que le professeur de philosophie aborde sa séance, photos anthropologiques à l'appui, à la maison d'arrêt d'Epinal. "Dans le domaine du paraître, on vit avec son visage et on vit avec le visage que les autres nous renvoient" dit-il. Les détenus présents réagissent : "Le prisonnier, dehors, dans la tête des gens, il a une tête qui fait peur." Devant le miroir de sa salle de bain, Bernadette, en réinsertion, reprend conscience d'elle-même. "Quand on sort en permission, on cherche son image, on cherche à se voir. En me voyant je me réapproprie mon identité." En retournant sur les lieux de sa condamnation et de sa détention, Yann se confronte quant à lui à son passé, faisant resurgir des souvenirs parfois douloureux. Sublimés par des clichés en noir et blanc, les visages que nous offre Catherine Rechard retrouvent une identité. Un film en quelque sorte en forme de thérapie.
(Romain Hecquet)
Descriptif technique
- Production
- Candella Productions, TVR
- Participation
- CNC, Ville de Rennes, CR Bretagne, Procirep, Angoa
- Réalisation
- Catherine Rechard
- Année
- 2014
- Durée
- 75'
- Double disque
- non
- Couleur / N&B
- couleur
- Genre
- Documentaire
- Diffusion
-
- Prêt aux particuliers par l'intermédiaire des médiathèques : oui
- Projection publique : oui
- Diffusion en ligne : oui
Avis
Sélectionné par
Après Une Prison dans la ville et Le Déménagement, la photographe Catherine Rechard approfondit la question carcérale. Elle tourne autour des visages de trois détenus filmés extra-muros, après ou pendant leur détention. Cette enquête prend les atours d’un questionnement sur le rôle symbolique et social du prisonnier. Cette réflexion se développe comme un témoignage rétrospectif et chemine lors d’ateliers en prison, où les détenus réfléchissent ensemble aux stéréotypes attachés à leur identité sociale. Pris dans ces regards croisés, le spectateur rentre dans une forme dialectique d’empathie avec trois êtres en chemin, trois personnes qui cherchent à vivre avec leur peine, et qui pour ce faire, développent une pensée en forme de retour sur soi. Leurs réflexions nous entraînent au-delà de la question carcérale, et de ces histoires singulières, elles nous donnent tout simplement à penser. L’air de rien et grâce à son écoute attentive, Catherine Rechard développe tranquillement un propos politique finalement plein d’espoir, que nos décideurs politiques feraient bien d’entendre avant de proposer encore, la construction de nouvelles centrales.
(Julien Farenc, BNF)