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Narmada

2012, documentaire, 44 min, couleur

Réalisation : Manon Ott, Grégory Cohen

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Une barque glisse lentement sur une immense étendue d’eau d’où émergent le toit d’un temple et quelques arbres.

Images

Résumé

Une barque glisse lentement sur une immense étendue d’eau d’où émergent le toit d’un temple et quelques arbres. Retenues par une trentaine de barrages, dont deux barrages géants, les eaux de la Narmada, l'un des sept fleuves sacrés de l’Inde, ont englouti la vallée. A la surface et sur ses rives errent les "noyés". Privés de terre, sacrifiés au nom de la démocratie et du progrès, ils crient leur colère.

Les poètes descendent les fleuves, les conquérants les remontent. Lutter contre le fleuve, remonter à la source, construire des barrages, c’est le fait des conquérants. Descendre le fleuve, faire corps avec le monde, se disperser dans l’océan comme le bateau ivre de Rimbaud, c’est le fait des poètes. S’il y a dans Narmada quelque chose qui rappelle Aguirre, la colère de Dieu - horizon de brume, berges mystérieuses, apesanteur des flots, ambiances sonores parfois électriques où l’on perçoit des cris d’oiseaux - Manon Ott et Grégory Cohen ont pris le parti de descendre le fleuve. Leurs belles images Super 8 composent un poème triste. Filmer la Narmada, c’est filmer le désastre. Comment faire corps avec ce fleuve ? La surface immense a tout recouvert, comblé le paysage de sa masse étale. Dans ce décor fantomatique, certains cherchent ce qui fut autrefois leur demeure. D’autres témoignent d’une lutte acharnée de plus de 25 ans pour obtenir enfin les réparations promises par l’Etat.

(Sylvain Maestraggi)

Descriptif technique

Production
TS Productions, CNRS Images, Vosges Télévision Images Plus
Participation
CNC
Réalisation
Manon Ott, Grégory Cohen
Année
2012
Durée
44'
Double disque
Couleur / N&B
couleur
Genre
Documentaire
Diffusion
  • Prêt aux particuliers par l'intermédiaire des médiathèques
  • Projection publique
  • Diffusion en ligne

Avis

Sélectionné par

En naviguant sur le fleuve Narmada jusqu'à son estuaire, Manon Ott et Grégory Cohen filment et écoutent son histoire, de son origine mystique aux contestations anti-barrage. De longs plans d'arbres engloutis par les eaux, poétiques et fantomatiques à la fois, occupent une grande partie du film. Le grain et les couleurs du Super 8 renforcent le rythme contemplatif. Sur des scènes de vie quotidienne au bord du fleuve, nous entendons en voix off divers témoignages. La lutte est toujours présente, la population ne semble pas résignée, bien que des images d'archives des années 1970 en noir et blanc nous montrent que la bataille fut plus acharnée. Le retour à la couleur et aux teintes saturées accentue cette vision d'un monde en voie de disparition, fragile. L'usage du Super 8 en parallèle aux archives donne au film un ton original. Le travail du son, le bruit de l'eau occupent une place importante, également dans la narration du film. Esthétique et instructif.

 

(Sarah Doucet, Médiathèque d’Orléans)