Ces six portraits d'enfants âgés de 10 à 15 ans, qui représentent la première génération des enfants de la paix au Vietnam, ont été filmés du nord au sud, en ville ou à la campagne, et choisis dans des classes sociales très diverses. Ils incarnent l'avenir d'un pays confronté depuis trois ans, après cinquante ans d'occupation française et américaine, à une nouvelle révolution liée à son ouverture à l'économie de marché.

Enfant de milliardaire, enfant des rues abandonné à lui-même, enfant d'ancien apparatchik lettré, enfant des rivières ou enfant des montagnes reculées, ils ont tous en commun de n'avoir pas connu la guerre. L'un se prépare à faire fructifier la récente fortune familiale, une autre vend des cacahuètes sur le trottoir. L'une s'achète des livres et veut devenir diplomate, tandis qu'un autre s'attelle à la préparation des repas et à la lessive. L'enfant des rivières s'applique à l'école car il sait que de grands complexes industriels vont remplacer les rizières. Quant à la jeune fille des montagnes, elle n'ignore pas non plus que son village et la tradition orale sont bien éloignés de toute modernité. A suivre ceux qui feront le Vietnam de demain, Jean-Michel Carré obtient un instantané de la situation économique du pays en 1998. "Sauront-ils devenir un exemple d'humanité pour l'ensemble de la communauté internationale ?" interroge-t-il.

(Marie-Christine Balcon)