Sur les tapis de l’association sportive montferrandaise (ASM) – section lutte, plusieurs générations de lutteurs se côtoient, des poussins aux vétérans. La réalisatrice aborde ce sport très masculin avec douceur, détachant un à un les portraits individuels du groupe, saisissant les gestes fraternels des ainés qui encouragent de plus jeunes, s’attardant sur la poussière qui vole dans un rayon de soleil.

La salle Diderot est une salle de quartier restée dans son jus, qui semble encore brasser les origines de ses jeunes adhérents. L'habitat social qui l'entoure rappelle la figure tutélaire de l'Entreprise Michelin à Clermont-Ferrand, partenaire de l'ASM. Les coupes alignées sur le mur indiquent les heures de gloire, que l’on se remémore "en famille" (à savoir "entre entraîneurs"), dans la cuisine d'Antonio, mémoire du club, qui prodigue encore ses conseils sur le tapis ("Ils sont gentils mes gamins"). Dans cette chaîne de transmission des savoirs, à peine sortis de l'adolescence, Latuf, né à Mayotte, déjà 3e en championnat de France dans sa catégorie, ou encore Constantin, géant barbu dont les blessures mettent en péril sa carrière sportive, prennent le relais des entraîneurs pour former les plus jeunes, les emmener faire un jogging dans le quartier, jouer aux grands frères lors des déplacements. Parmi eux Tony, qui regarde tous ses ainés - "les grands hommes" dit-il - avec admiration.  

(Charlotte Ferchaud)