Las Luchadoras Moreno est un trio de catcheuses mexicaines composé de trois sœurs : Rossy, l’aînée, la mégère, Esther, la cadette, la tornade, Cynthia, la plus jeune, l’élégante. Devant la caméra 16 mm de Marie Losier, elles se chamaillent, s’assassinent, se donnent des coups comme sur le ring. Mais derrière la comédie, l’outrance et les grimaces, il y a trois femmes qui entendent vivre libres.

Le catch fut autrefois un spectacle populaire en France (Barthes lui consacra un essai). Aux Etats-Unis et au Mexique, il fait aujourd’hui partie intégrante de la culture. Lutte sans merci ou comédie ? Massacre ou simulacre ? Il voit s’affronter des demi-dieux, personnages surdimensionnés, bouffons bariolés qui jouent le drame de l’humiliation, de la revanche, de la souffrance et de la gloire. Un véritable exutoire dont les champions mexicains avancent masqués. Et les femmes dans tout ça ? Elles n’échappent pas à la règle, mais ne portent pas de masque. Les trois sœurs Moreno se parent de justaucorps luisants, de bottes et de décolletés. Elles se disputent comme des enfants, se font des prises, grimacent de douleur. Dans la salle, sur le ring, au milieu des altères, l’entraînement semble rude : le corps doit être fort, alerte. Chacune à sa vie. Cynthia est la plus secrète. Esther s’occupe de son fils et apprend le japonais. Rossy prépare le plat du jour de son petit restaurant.  

(Sylvain Maestraggi)