Sur une proposition de l'association Accueil en résidence, Maguy et Francine, deux détenues du Centre pénitentiaire des femmes de Marseille présentent, en collaboration avec Tiziana Bancheri, leur univers carcéral : réalité d'une part et rêve de l'autre, mirage des images lumineuses du dehors, celles irréelles mais vivaces de la liberté.

Elles sont filmées à contre-jour, dans l'ombre ou sous un voile, dans les couloirs de la prison ou dans leur cellule, et on ne distinguera pas leur visage. Mais on entendra leur voix appliquée, scandant un poème, lisant une lettre, commentant une photographie ou la vie de la prison, cette "porte qui se ferme aussi sur les ambitions et les projets". On verra les gestes répétitifs, les mains au travail, au repos, en ombres chinoises sur les barreaux de la cellule. On entendra l'ennui, la solitude qui se creuse au fil des jours, le temps arrêté, la culpabilité d'avoir "fait du mal" aux proches, le sentiment de n'être plus rien. En contrepoint, imaginées par les deux détenues, des échappées belles : le vent dans les arbres, la mer, le ressac, les crépuscules, les chevaux en Camargue...

(Doucha Belgrave)