A Paris, au cœur d'une grève de travailleurs sans papiers, Matenin, Abdoulaye et Gaye s’engagent dans l’atelier théâtre créé par l’association d’alphabétisation qui les accompagne au quotidien. Aidé par Mayleh, leur metteuse en scène, ils travaillent à l’écriture d’une pièce qui s’inspire autant de leurs itinéraires personnels que de la manière dont la mobilisation collective les conduit à devenir plus visibles au sein de la société française.

Sans image s’articule en trois actes. Le premier s’ouvre sur des images de chantier et se concentre sur la question du travail. Les jeunes ouvriers découvrent en parallèle la pratique du théâtre et explorent les possibles de la voix et de l’imagination. L’improvisation théâtrale fait écho aux cours d'alphabétisation où ils sont invités à décrire librement ce qu'ils ressentent depuis leur arrivée en France. Le deuxième acte décrit la tension entre individu et collectif. Epaulée par la CGT, la grève s'éternise durant plusieurs semaines devant l’Opéra Bastille puis au musée de l'Histoire de l'immigration. Pour chacun des manifestants se pose la question de quitter le mouvement dès le fameux récépissé en poche ou de continuer la lutte jusqu'à la régularisation de tous. Le dernier acte suit les jeunes hommes vers la représentation théâtrale : deux corps se soutiennent, bras tendus, et viennent malgré tout exprimer la force du lien et de l’espoir que véhicule toute forme de résistance.

(Damien Truchot)