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68, mon père et les clous

2017, documentaire, 85 min, couleur

Réalisation : Samuel Bigiaoui

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A près de 70 ans, Jean Bigiaoui va bientôt fermer son magasin de bricolage à Paris.

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Résumé

A près de 70 ans, Jean Bigiaoui va bientôt fermer son magasin de bricolage à Paris. Ancien militant maoïste, cet intellectuel est depuis 37 ans un commerçant de quartier aimé de ses clients et de ses employés. Samuel Bigiaoui entreprend le portrait de son père affairé parmi ses clous et ses panneaux de bois, absorbé par les soucis du présent. Jean joue le jeu mais, même poussé dans ses retranchements, il ne se livre guère. Par pudeur autant que par prudence.

Seul à la caméra et au son, Samuel Bigiaoui s’installe dans le magasin de son père et l’observe d’abord à distance. Jean se tient à son comptoir, rivé à sa calculatrice. Il se débat avec les mauvais payeurs, subit la pression des repreneurs potentiels. Résignés à l’inéluctable, ses trois salariés la larme à l’œil expriment leur reconnaissance et leur affection. Pour les clients, c’est aussi une peine que de voir fermer ce haut-lieu de la vie du quartier. Progressivement, le film se déplace au sous-sol, dans l’antre de Jean. Samuel tente alors l’interview mais son père se dérobe. Il a monté des opérations clandestines dont la plus connue est l’enlèvement et la séquestration d’un cadre des usines Renault en 1972. Il admet que son activité serait aujourd’hui vue comme "terroriste". La stratégie de la violence révolutionnaire a échoué. Certains de ses camarades se sont suicidés. Jean s’en est sorti en se glissant dans une autre vie. Sans bruit.

(Eva Ségal)

Descriptif technique

Production
Petit à Petit Production, Vosges Télévision
Participation
CNC, Fonds Images de la diversité (CGET/CNC), Procirep, Angoa
Réalisation
Samuel Bigiaoui
Année
2017
Durée
85'
Double disque
Couleur / N&B
couleur
Genre
Documentaire
Diffusion
  • Prêt aux particuliers par l'intermédiaire des médiathèques
  • Projection publique
  • Diffusion en ligne

Avis

Sélectionné par

Le réalisateur suit ce patron atypique entouré de ses fidèles employés d’origine très diverses dans l’enceinte de la boutique - centre névralgique du quartier - de l’arrière-boutique au sous-sol. Jean accepte d’être ainsi traqué par la caméra parce que c’est son fils qui la tient, mais celui-ci perçoit bien, et nous avec, que parfois cela l’agace tout de même un peu ! Il faut attendre un moment, pour que ce père se dise un peu plus. Ce sera le cas quand seront atteintes les profondeurs de la boutique, alors que celle-ci peu à peu se vide en vue de sa fermeture. Alors, à force de persévérance, le temps agit et le fils dissimulé derrière la caméra réussit à aller à la rencontre du père. Pourtant, au-delà de la dimension familiale, pudique ici, ce documentaire porte également un regard émouvant sur l’évolution de notre société qui transforme les lieux.

(Caroline Fisbach, Bibliothèque nationale de France, Paris)