Les musées d'histoire naturelle ont pour délicate mission de donner à voir la nature vivante à partir de ce qui est mort. Nicolas Philibert mène ici le même projet, avec d'autant plus d'à-propos qu'il s'agit de montrer la résurrection, entre 1991 et 1994, du bâtiment, de la collection et de la muséographie de la grande galerie de zoologie du Museum d'histoire naturelle de Paris.

Sans commentaire, sont montrés successivement les travaux de rénovation du bâtiment, la restauration des animaux, la conception de la "mise en scène" et enfin l'aménagement final. Les séquences sur ces différentes activités sont à la fois riches d'informations et souvent montées avec humour : elles sont ponctuées de plans fixes de têtes d'animaux, qui semblent autant de touchants portraits d'une grande finesse psychologique. Le son (bruit du papier d'emballage, chariots de transport, etc.) est habilement utilisé en surimpression pour donner à sa manière l'illusion de la vie. Le film se termine par le lever du jour sur la grande galerie dans son aspect final, et cette image ressemble soudain, curieusement, à la Création du monde.

(Marie-Dominique Nivière)