Michaël Gaumnitz retrace la vie du sculpteur Auguste Rodin, depuis les années difficiles d'apprentissage (1860-1880) à Paris et Bruxelles, jusqu'à la reconnaissance tardive de son œuvre (1900-1917). Sculptures incrustées sur fond noir, nombreuses photographies et films d'époque composent cette biographie rapidement brossée, tandis que le commentaire évoque les déboires professionnels et sentimentaux de l'artiste.

La création de L'Age d'airain en 1876-77 le sort de l'anonymat : le modelé naturel des muscles et l'expression réaliste du visage font croire qu'il a moulé son modèle sur le vif. Le cercle de ses commanditaires va s'élargissant, mais les échecs se multiplient. En 1884, la ville de Calais lui commande le groupe des Bourgeois : les héros apparaissent fatigués, visages abattus, et ne suscitent aucun enthousiasme. De même, quand la Société des gens de lettres s'adresse à lui pour le monument à la gloire de Balzac, la statue exposée au Salon de 1898 sera traitée de "colossal foetus". Mais en 1900, la rétrospective de son oeuvre au pavillon de l'Alma est un triomphe : Rodin est à la mode et chacun veut son buste sculpté. A la fin de sa vie, à l'hôtel Biron qu'il léguera à l'Etat avec la totalité de ses oeuvres contre l'organisation d'un musée in situ, Rodin assemble des éléments sculptés isolément, des pieds, des mains, des jambes, et s'amuse en recomposant des figures hybrides.

(Annick Spay)