"L'artiste effectue-t-il un travail dans la société ou s'amuse-t-il à amuser les autres ? De même que le spectateur paye pour s'amuser, l'artiste doit-il payer pour s'amuser à amuser les autres ?" Dans la région de Toulouse, à La Ferme avec la compagnie Okupa Mobil et à L'Usine où se fabriquent les machines de la compagnie Royal de Luxe, Jean-Luc Galvan interroge le statut des intermittents du spectacle et par là même la notion de travail et sa rémunération.

De la précarité subie à la mobilité inventive - "s'inventer soi-même", dit-l'un d'eux -, il aura fallu huit ans d'obstination aux neuf comédiens d'Okupa Mobil pour arriver à se salarier. Leur installation dans une ferme leur a permis de fixer la compagnie, d'avoir un lieu de vie et d'intégrer ainsi en terme de "travail" les temps de réflexion, de plaisir et de préparation d'un spectacle. A L'Usine, d'autres rêveurs-constructeurs font l'expérience d'une unité entre un travail lié au spectacle et la vie quotidienne. Pour la fabrication d'une girafe, une marionnette géante destinée à la compagnie Royal de Luxe, ce collectif mélange tous les corps de métier, de l'ingénieur au menuisier, pour mettre en commun les savoir-faire. Des images de manifestations des intermittents du spectacle, en 1996, à Toulouse, rappellent le risque de disparition d'un statut - si l'Europe ne le prend pas en compte - qui est aussi un modèle de travail.

(Marie-Christine Balcon)