1. La Foi. Cette première partie aborde le rapport complexe entre son oeuvre et sa foi religieuse. Messiaen aime affirmer qu'il est "chrétien, catholique et croyant". Pourtant, si toute son oeuvre est imprégnée de cette foi, il n'a jamais composé de musique religieuse au sens strict du terme. Le compositeur François-Bernard Mâche inscrit cette oeuvre dans une démarche de "révérence formelle à l'Eglise, sorte de transposition des charmes de la liturgie chrétienne". Lorsque Messiaen évoque sa fascination pour les contes de fées, il dit retrouver dans les textes religieux le surnaturel qui, enfant, l'émerveillait et cet attrait pour l'irrationnel livre une des clés pour la compréhension de sa musique. Gilbert Amy, chef d'orchestre, parle de "logique universaliste", et c'est dans Saint François d'Assise, colossal opéra écrit en huit ans, que cette logique trouve son expression la plus aboutie.

2. La nature, les oiseaux. On ne peut parler de la musique de Messiaen sans faire référence à sa passion pour la nature et les oiseaux en particulier. Sa connaissance approfondie de l'ornithologie lui permit, en effet, de recueillir des chants d'oiseaux dans les forêts de France et d'en faire un des matériaux de base de ses compositions. Quand Messiaen partait en forêt, accompagné d'Yvonne Loriod son épouse, il transcrivait, comme sous la dictée, les chants d'oiseaux qu'il entendait. Puis, "comme un peintre devant un paysage, je rendais en musique l'impression que ces chants m'avaient faite". Pierre Boulez souligne cette transformation stylistique : le génie de Messiaen réside dans l'interprétation et la symbolisation qu'il fait des chants d'oiseaux, non dans leur imitation. Alain Louvier, professeur d'analyse musicale, explique comment le compositeur traduisait les très petits intervalles des chants d'oiseaux. Mais des pièces comme Réveil des oiseaux ou Des canyons aux étoiles se passent de toute explication.

3. Les Couleurs, les rythmes, l'enseignement. Quand Messiaen prétendait voir des couleurs alors qu'il entendait des sons, il précisait qu'il s'agissait de "couleurs de musicien" et non de "couleurs de peintre". Dans cette dernière partie, Olivier Mille tente de percer le mystère de ces fameuses couleurs musicales, rythmes d'une précision diabolique, et présente un Messiaen pédagogue, éveilleur de nouvelles générations de musiciens. Le mystère des couleurs est un autre pôle déterminant dans l'oeuvre du compositeur. Messiaen se qualifiait lui-même de musicien "coloré" lorsqu'on tentait de le rattacher à un mouvement. Lors d'un cours d'analyse musicale donné au Conservatoire de Paris, il fait une démonstration convaincante de la correspondance des harmonies et des couleurs chez Debussy. François-Bernard Mâche, qui fut un de ses élèves, avoue que cet "excès d'imaginaire" était parfois difficile à suivre. Que ce soit en transposant de minuscules différences rythmiques de la vie ou en faisant passer le chant de la nature dans sa musique, Messiaen est parvenu à un équilibre parfait entre rêve et pensée logique.

(Mario Fanfani)