Des étudiants en cinéma tentent amoureusement de percer le mystère de Jean Douchet, figure majeure de la cinéphilie, cinéaste (presque) sans film. Ils le filment chez lui ou dans des festivals, retrouvent des archives de ses ciné-clubs et partent à la rencontre de ses disciples. Parmi eux, Arnaud Desplechin, Noémie Lvovsky et Xavier Beauvois dépeignent Douchet comme un maître qui, au-delà de sa parole sur le cinéma, leur a transmis un véritable art d’aimer.

Né à Arras en 1929, Jean Douchet devient critique à La Gazette du cinéma, puis aux Cahiers du cinéma en 1957. Il y défend Hitchcock et Mizoguchi mais aussi Minnelli et Visconti. Alors que Barbet Schroeder crée Les Films du Losange et l’encourage à tourner, Douchet se contente au cours des années 1960 de réaliser trois courts métrages et d’écrire le scénario de L’Enfant agité, film jamais tourné. Le critique ne garde aucun regret de cette carrière inaboutie, car sa passion se vit pleinement à travers la transmission. Dans ses cours comme dans ses ciné-clubs, sa méthode consiste toujours à voir le film puis à en débattre. Non dogmatique, Douchet aime le cinéma comme il aime la vie elle-même, parce qu’ils sont mouvement et surprise. Les jeunes réalisateurs semblent ici mettre en œuvre les conseils du maître épicurien : se promener dans Bologne avec lui, nourrir un âne à la campagne avec le fils spirituel Beauvois et ouvrir une bonne bouteille deviennent les plus belles leçons de cinéma.

(Martin Drouot)