Aux dires des politiques de l'époque, les enfants issus de l'immigration des années 1950-60, et même plus tard, lors du regroupement familial, n'ont pas été prévus. Contrairement à leurs parents qui vivaient dans le silence par peur de l'autorité, ils s'affirment dans une société qui résiste à les reconnaître. Ils revendiquent leurs droits et inventent une manière de vivre à travers deux cultures.

Ils ont grandi dans des bidonvilles entourés de barbelés censés durer deux ans, mais y sont restés vingt-cinq. Pour l'administration, ce sont des immigrés pour le logement et l'éducation, mais des Français pour le service militaire. La politique des années 1970 manque de cohérence ; certains parents pensent rentrer, pour les enfants, c'est impossible. Pour l'un, la seule solution est la délinquance, pour une autre, cela consiste à rêver une Algérie jusqu'à la confrontation avec la réalité. Ils veulent choisir leur destin plutôt que de toujours prouver leurs capacités. Dans les années 1980, les homicides impliquant des jeunes issus de l'immigration montrent une justice à deux vitesses. Leur marche en 1983 fera entendre qu'ils vont rester. Deuxième génération, enfants des banlieues, ils sont Français et attendent une reconnaissance.

(Nathalie Magnan)