Toto, seul survivant d’une portée de marcassins, est recueilli par Madeleine, qui l’adopte comme un enfant. Cet animal providentiel divise le village, entre curiosité et suspicion : peut-on passer impunément la frontière qui sépare nature sauvage et monde humain ? Au fur et à mesure que Toto grandit, se forme autour de lui une petite communauté où circulent des histoires de vie, de rêves et d’animaux.

Pierre Creton, ouvrier agricole et cinéaste, a dès son premier long métrage interrogé la relation entre l’homme et l’animal (Secteur 545, 2006). Si la Normandie rurale où il vit et travaille semble se prêter à l’exploration de la question, elle n’acquiert pas pour autant une plus grande évidence. Au milieu des fermes et des champs, parmi les éleveurs et les chasseurs, la présence animale reste empreinte de mystère. Qu’un animal échappé de la forêt trouve le gîte dans la maison d’une vieille dame, alors que les vaches restent à l’étable et les poules dans la basse-cour, voilà qui fait événement. Mais ce mystère en appel un autre : celui de la rencontre. En Inde, Vincent, le compagnon de Pierre, rencontre un psychanalyste qui le guérit de sa peur des singes. Pierre se lie d’amitié avec un paysan qui nourrit des chats. Autour des animaux, de leur regard, de leur silence, des affinités se tissent, la vie s’égaie, retrouve sa pulsation, aussi sûre et vigoureuse que la gambade d’un marcassin.

(Sylvain Maestraggi)