Pour l’architecte chinois Wang Shu (né en 1963) un bâtiment n’existe que dans la relation qu’il entretient avec le paysage. La maison d’hôtes qu’il a construite entre 2011 et 2013 constitue une véritable oasis dans la ville multimillénaire d’Hangzhou, où de nouvelles tours sortent chaque jour de terre remplaçant l’habitat traditionnel. Cette construction témoigne d’une alternative qui conjugue modernité, matériaux durables et traditions constructives.

Sur le campus de la plus prestigieuse école d’art du pays, l’architecte a choisi une parcelle en longueur pour construire son bâtiment-paysage. Trente murs monumentaux parallèles encadrent des cours intérieures, des bassins, mais aussi des boites fermées ou se trouvent les chambres et les différents programmes de la maison. Même s’il n’y a rien qu’on puisse décrire comme une façade, il faudrait parler de refends plus que de murs. Ils servent à supporter la gigantesque toiture anguleuse qui donne son nom à la construction : Wa Shan (Montagne de tuiles). En cheminant à travers ces refends, les chercheurs, enseignants ou simples visiteurs découvrent un paysage intérieur fait d’escaliers et de passerelles redondantes, de terrasses et de recoins intimes. Le parcours pour rejoindre sa chambre est volontairement labyrinthique. Wang Shu, reprenant les principes de la peinture traditionnelle Shan Shui (Montagne Eau) invite le visiteur à la contemplation. Mais le propos n’est pas seulement plastique, il est aussi politique : construite à partir de matériaux pauvres (terre du site même, tuiles et fragments de poteries récupérés avec les étudiants), la maison est une invitation faite à ses contemporains à réfléchir sur la manière de construire.

(Achille Racine)