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Résumé
D’amples travellings traversent le camp d’Auschwitz-Birkenau, s’attachent parfois aux arbres alentour, ou s’approchent au plus près des ruines. Pas âme qui vive en revanche, et pour cause : ces images impersonnelles offrent leur minutie glacée aux paroles des Sonderkommando, ces "travailleurs" recrutés parmi les prisonniers juifs et chargés d’assister les SS dans l’exécution de la solution finale.
Selon Miklos Nyiszli, ancien médecin-chef du crématorium, "la vie des Sonderkommando dure quatre mois", au terme desquels ils connaissent le même sort que ceux qu’ils ont contribué malgré eux à exterminer : chambre à gaz, crémation. Ces "commandos spéciaux" étaient 860 dans le complexe concentrationnaire d’Auschwitz-Birkenau. Premiers spectateurs de la folie arithmétique de leurs bourreaux (en cela, les plus menacés par l’avancée des troupes alliées), certains ont laissé des témoignages insoutenables, dans des manuscrits enterrés au pied des fours – les plus chanceux, quatre d’entre eux seulement, ont la possibilité de témoigner de vive voix lors des procès de 1945 et 1946. Emil Weiss croise leurs témoignages pour reconstruire, dans son horrible litanie de chiffres et de protocoles, le quotidien de ces "travailleurs spéciaux", mieux traités que leurs victimes mais en proie à des troubles psychiques irréparables. Ils préfèreront se révolter en octobre 1944 plutôt qu’attendre la mort.
(Mathieu Capel)
Descriptif technique
- Production
- Michkan World Productions, Arte France
- Participation
- CNC, L'Acsé, Fondation pour la mémoire de la Shoah, Procirep-Angoa
- Réalisation
- Emil Weiss
- Année
- 2007
- Durée
- 52'
- Double disque
- non
- Couleur / N&B
- couleur
- Genre
- Documentaire
- Diffusion
-
- Prêt aux particuliers par l'intermédiaire des médiathèques : oui
- Projection publique : oui
- Diffusion en ligne : oui
Avis
Sélectionné par
Le film rapporte les témoignages écrits des Sonderkommandos pendant le déroulement des faits, ainsi que ceux du médecin. Les paroles d’Emil Weiss les encadrent en forme de prologue et d’épilogue. La caméra filme ces lieux hantés par la mort : plans de pierrailles grises, bleuâtres, ressemblant à des ossements, grands arbres noirs et décharnés se détachant sur un ciel sombre, flaque d’eau où se reflète l’obscurité ambiante. Quand la mort est là, l’écran devient noir ; le silence s’instaure. Contrairement à bien d’autres films basés essentiellement sur les récits de survivants, Sonderkommando est constitué par des témoignages de défunts, mis en scène par le réalisateur. Nous sommes vraiment “au cœur de l’enfer”, dans l’horreur indicible, pourtant dite. L’un d’eux écrit : “Tout le processus dure vingt minutes ; un corps, un monde, est réduit en cendres.” Les mots sont violents mais ils s’élèvent dans un chant fort exprimant la douleur humaine. Un film remarquable, sobre et tragique.
(Françoise Bordonove, BPI)