Giovanna Marini (née en 1937) est plus qu'une chanteuse de folklore italien, elle est la mémoire vivante d'un patrimoine musical. Des extraits de son spectacle entrecoupés d'interviews et d'images de la semaine Sainte à Naples, en Calabre et en Sardaigne, nous permettent de mieux comprendre pourquoi les chants et les rites populaires qu'elle aime transmettre privililégie la place de l'individu dans la société.

En 1958, Giovanna Marini rencontra Pasolini qui lui fit découvrir une culture dont elle ignorait tout. Depuis, elle passe son temps à écouter et retenir les chants et les coutumes archaïques des paysans d'une Italie où le temps semble s'être arrêté. Elle explique que chaque rite est lié à une fonction qui lui est propre, et qu'il faut réapprendre ce lien extraordinaire qui garantit la "sanité" mentale de la société. Elle s'est emparée de ces histoires populaires, qu'elle mêle à ses propres chansons dans ses spectacles, en les racontant avec un humour très personnel. Alors que le fascisme n'a pas eu raison des particularismes culturels et que la télévision distille son conformisme, le travail de cette femme à la vitalité singulière, partisanne de toutes les luttes, apparaît alors comme essentiel.

(Mario Fanfani)