"Résister ?" Cette phrase interrogative, un unique verbe d’action, ouvre Les Abeilles et la Guêpe (2002), le récit – dont on retrouve le fil dans ce portrait – que fit François Maspero (1932-2015) de son parcours dans la vie : le parcours d’un homme libre, "irréductible", qui fut libraire, éditeur, traducteur, écrivain, et pour qui résister fut un destin, une vocation, un impératif catégorique.

"Les Maspero ont toujours été des rebelles" explique-t-il, "pourtant j’ai appris que, héritage ou pas, (...) on avait toujours le choix." Dans ce film – le premier dont il ait accepté d’être le sujet depuis Les mots ont un sens de Chris Marker (1970) – on retrouve François Maspero entouré d’amis qui dialoguent avec lui ou témoignent de ce qu’il a représenté pour eux. Pour Régis Debray, "beaucoup plus qu’un témoin, Maspero a été un acteur, un inspirateur". Sa librairie, la Joie de lire, "était un camp de base, une pépinière, un carrefour pour tous les résistants de la planète des années 1960 et 1970”. Edwy Plenel souligne son ouverture au monde, aux autres, comme à tous les modes de littérature. Et le directeur de la Maison des Passages à Lyon, qui présenta en 2009 l’exposition François Maspero et les paysages humains, voit en lui un "allié substantiel", fidèle en amitié comme dans ses engagements et mu par la volonté que chacun trouve "le chemin de la liberté et de l’émancipation".  

(Myriam Bloedé)