La sélection des images, le tournage et le montage ont été réalisés par les codétenus d'Alain R., scénariste et acteur de sa propre histoire. Sur des flashs d'informations télévisées, il raconte sa "faute" d'autrefois, son indignation aujourd'hui, son entrée en religion sans laquelle "tout est dérisoire". Une conviction nouvelle qu'il argumente par des textes bibliques évoquant "un temps pour tuer" et un autre "pour soigner les blessures".

Depuis sa couchette, un détenu zappe d'un programme TV à l'autre, tandis qu'Alain monologue et s'indigne. Le chômage, l'économie capitaliste, la société à deux vitesses, la pauvreté des uns, la gabegie des autres, "tout ça dépasse l'entendement". En témoignent les images qu'il juxtapose : des travailleurs harassés dans une mine du tiers-monde, les manifestations scandées sur des casseroles en Argentine, l'enfant colombienne mourant dans la boue devant les caméras du monde entier. Alain tient à évoquer aussi "le bonheur fragile", la "responsabilité des êtres humains face aux malheurs du monde", le secours de la religion et, finalement, dans un rayon de lumière filtrant par les barreaux de sa cellule, sa conviction que "la vraie épreuve commence avec la liberté".

(Doucha Belgrave)