Israël, colonie de Moshav Shekef : après l'assassinat d'un colon juif au tout début de l'Intifada, plus question de continuer à faire travailler des Palestiniens comme auparavant. Les agriculteurs ont appelé à la rescousse des travailleurs étrangers ; chez Maïmon, les ouvriers sont thaïlandais. Dans l'ignorance totale de la situation locale, ils n'ont qu'un souhait : rentrer au pays, avec un peu d'argent en poche "pour être respectés".

A son arrivée en 1981, la famille Beth-Awah a défriché et travaillé la terre avec les Palestiniens du village voisin. "Ces oliviers, c'est moi qui les ai plantés", dit Hussein. "J'aurais bien aimé continuer à les employer", regrette Maïmon. Sa femme Myriam se souvient du temps où villageois arabes et colons juifs vivaient en harmonie. "Chez Maïmon, on ne me traitait pas comme un ouvrier, j'étais comme un de leurs enfants", confirme Hussein. Le meurtre d'Elie Cohen a tout changé : au domaine agricole, la main d'oeuvre est maintenant thaïlandaise. Venus sous contrat, parfois avec leur femme, les hommes travaillent 12 à 15 heures par jour en fredonnant des chansons sur la douleur de l'exil. Au village arabe d'à côté, leur présence attise les ressentiments contre les colons. Maïmon le sait bien : depuis que les "cousins", comme il les appelle, ont été privés de leur permis de travail, ils ne peuvent plus nourrir leurs enfants et la situation est intenable.

(Doucha Belgrave)