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Un écran blanc, sur lequel une pointe noire, par transparence, trace un dessin, ou plutôt un plan.
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Résumé
Un écran blanc, sur lequel une pointe noire, par transparence, trace un dessin, ou plutôt un plan. Nul visage, pas plus de main. Seule une voix transforme ces lignes et formes géométriques en maisons, routes et barbelés. En six chapitres, Till Roeskens sollicite plusieurs habitants du camp de réfugiés de Aïda, en Territoires palestiniens, pour dessiner leur environnement quotidien, au gré d'anecdotes édifiantes et tragiques.
Déplier dans l'espace l'histoire d'une communauté, obliger la mémoire, par le dessin, à une forme d'exhaustivité : ce simple dispositif, répété tout au long du film, renouvelle en soi l'exercice de l'entretien, et peut être une gageure formelle motivante. Mais aurait-il néanmoins tant d'impact s'il n'y était pas question de la colonisation des Territoires palestiniens par Israël ? La modélisation clandestine d'une parole, bridée, imagine-t-on sans mal, par les cartes officielles – dispositifs avérés de contrôle, de domination conceptuelle, – s'élabore sous la caméra de Till Roeskens, à une échelle non reconnue par les nomenclatures géographiques. Assombries par les drames personnels, le commerce quotidien avec l'armée ou tel mur apparu subitement en pleine rue, ces "cartes" témoignent, par leur fragilité, d'une inquiétante absence d'images. Mais leur simplicité parfois brouillonne se révèle aussi très efficace pour révéler la mécanique élémentaire de l'oppression et de la spoliation.
(Mathieu Capel)
Descriptif technique
- Production
- T. Roeskens
- Participation
- Batoutos, Films Flamme
- Réalisation
- Till Roeskens
- Année
- 2009
- Durée
- 47'
- Double disque
- non
- Couleur / N&B
- noir et blanc
- Genre
- Documentaire
- Diffusion
-
- Prêt aux particuliers par l'intermédiaire des médiathèques : oui
- Projection publique : oui
- Diffusion en ligne : oui
Avis
Sélectionné par
Une technique librement inspirée du Mystère Picasso de Clouzot : une caméra vidéo, un micro, un cadre de bois et des feuilles de papier collées sur ce cadre, une personne qui dessine au marqueur pendant que l'on filme le dos de la feuille où le dessin transparaît au fur et à mesure, et l’enregistrement des commentaires de cette personne. La sobriété d'un tel dispositif mis au service de problèmes complexes permet au spectateur de les appréhender d'un œil neuf, en ménageant son espace de réflexion. Lorsqu'on demande à Till Roeskens s'il considère son film comme politique, il répond ceci : "Oui. Mais non de politique locale. La liberté fondamentale pour tout humain d'aller et venir me semble aussi urgente à réclamer ici que là-bas. J'ose considérer ces récits comme de petits actes de résistance à l'occupation, de réappropriation symbolique des lieux. L'armée israélienne continue d'imposer sa carte, à chaque nouvelle expropriation les cartes des lieux désormais interdits sont punaisés sur les arbres. Alors, oui, il s'agit de revendiquer le droit de dresser sa propre carte."
(Sylvie Astric, BPI).