L’entretien avec Paul Andreu est inséré entre des images de ses réalisations un peu partout dans le monde : aéroports de Shanghai, d'Abu Dhabi, de Jakarta, de Dar Es-Salaam, musée d’Osaka. L’accent est toutefois mis sur la construction de l’aéroport de Roissy. Au moment où le film est réalisé, l’architecte travaille sur le projet de l’opéra de Pékin, dont il commente dessins et maquettes.

N’aimant pas la spécialisation, Paul Andreu (1938-2018) n’a pas réellement choisi de concevoir des aérogares, mais s’est intéressé à ces symboles d’un urbanisme nouveau. À Shanghai, il a développé une métaphore aérienne au moyen de matériaux réfléchissants et de puits de lumière. Roissy, avec ses satellites enroulés autour de la gare centrale, laissant le champ libre aux avions, a joué un rôle initiatique puisque les lieux de passage y sont traités comme noeuds topologiques ; "l’échangeur" pour piétons, futurs voyageurs immobiles, s’ouvre sur le ciel tandis qu’en bas jaillit une fontaine, version moderne du mythe d’Icare. Pourtant, l’architecture n’est pas là pour faire naître des sentiments, mais pour les laisser s’épanouir. Au coeur de cette démarche, Andreu cherche la réconciliation de l’élément naturel et de l’élément construit : ainsi en est-il venu à concevoir l’opéra de Pékin, complexe de bâtiments surmonté d’une coupole, comme une île au milieu de l’eau.

(Christine Rheys)