Prenant pour matériau de départ le film de Jean Rouch et Edgar Morin, Chronique d'un été (1961), Reprendre l'été s'essaie à la même tentative. En réunissant des personnes de générations différentes et aux parcours multiples, le film ausculte à travers leurs récits et leurs aspirations les pulsations d'une certaine France de 2017 – essentiellement urbaine – entre désirs individuels et enjeux collectifs.

"Cessez de vouloir copier. On ne copie jamais, quand on veut copier, on copie toujours mal !" Tel est l'un des conseils donné en ouverture par Marceline Loridan-Ivens, protagoniste du film de Rouch et Morin, aux deux réalisatrices. Ainsi, si Reprendre l'été s'inspire du dispositif de ce qui est considéré comme l'un des premiers films français de cinéma-vérité, il signale dans un dialogue fécond avec cette œuvre les écarts entre la France des années 1960 et celle des années 2010. Les micro-trottoirs sur le thème du bonheur alternent avec les dîners au restaurant réunissant des personnes ne se connaissant pas, les témoignages face caméra dans des appartements avec les présentations du film à ses protagonistes, ou encore avec des extraits de Chronique d'un été. De prime abord anodins, les propos ainsi rassemblés dessinent le portrait de notre société contemporaine, où les individus seraient désormais plus accaparés par des préoccupations individuelles. Un constat néanmoins mis en doute par la séquence finale, filmée aux premières heures du mouvement Nuit debout.

(Caroline Châtelet)