Adepte de la pauvreté, François d’Assise (1182-1226) est à l’origine d’un bouleversement de la spiritualité qui menace l’Église romaine. Les papes reprennent l’initiative en faisant édifier sur l’emplacement de sa sépulture deux édifices somptueusement décorés. Ils font appel aux peintres Cimabue et Giotto, qui, entre 1290 et 1320, vont dégager l’art occidental de ses sources byzantines en le rendant plus narratif et plus réaliste.

Pour comprendre ces fresques d’Assise qui racontent en 28 tableaux la vie de saint François, Jacques Deschamps propose des repères dans l’histoire de l’Église du XIII^e siècle. Le parcours terrestre et mystique du Poverello ou Alter Christus est expliqué par des érudits franciscains et illustré de quelques citations cinématographiques (notamment Pasolini). Mais l’objectif central du film est de donner à voir ces fresques merveilleusement conservées, une des plus grandes attractions touristiques d’Italie. Conçues comme un livre en images ou un vaste poème, elles offrent de grandes nouveautés : un déroulement narratif, des personnages représentés de trois quarts ou de dos, des architectures en perspective, des détails de la vie profane, des attitudes humaines réalistes, des ciels nocturnes. Autant d’inventions formelles et techniques qui s’épanouiront dans la floraison artistique du Quattrocento.

(Eva Ségal)